Comment se fait-il que les clochers triangulaires soient si peu connus ?

Cela tient certainement au fait qu’ils offrent toujours leur meilleur côté au regard, dissimulant le mur diagonal. Ainsi on ne voit pas leur triangularité. Nous nous attacherons dans ce blog à mieux faire connaître cette curiosité en trompe-l'œil et à mettre au grand jour ses trois faces singulières.
L’inventaire des clochers triangulaires a fait l'objet d'une publication dans les Mémoires ("LI") que vous pouvez vous procurer auprès de l’I.P.A.A.M (Institut de Préhistoire et d'Archéologie Alpes Méditerranée).
Il n’est d’ailleurs pas terminé car de nombreux clochers ont été recensés depuis. Pour réaliser cet inventaire, nous avons utilisé les frontières du XVIIe et XVIIIe siècle concernant le Comté de Nice, la Provence, le Duché de Savoie, la Ligurie et la Corse.
Pour chaque clocher triangulaire, nous ajoutons ci-contre une fiche que vous pourrez découvrir au fur et à mesure de nos recherches.

Georges Salacroup et ses enfants Serge et Sophie
I campanili triangolari : una curiosità del trompe-l'oeil del barocco a Nizza

Come è possibile che le torri triangolari siano così poco conosciute?
Ciò è certamente dovuto al fatto che offrono sempre il loro lato migliore, nascondendo la loro diagonale.Quindi non vediamo la loro triangolarità.
Ci concentreremo in questo blog per sensibilizzare l'opinione pubblica a questa curiosità del trompe-l'oeil e portare alla luce i suoi tre lati particolari.
L'inventario delle guglie triangolari è stato pubblicato nelle Memorie ("LI") che è possibile acquistare dal IPAAM (Istituto di Preistoria e Archeologia Alpi Mediterranee). Quest'ultimo non é ancora stato terminato in quanto molti campanili sono stati recensiti in un secondo tempo. Per realizzare questo inventario, abbiamo utilizzato i confini del XVII e XVIII secolo che riguardano la Contea di Nizza, la Provenza, il ducato di Savoia, Liguria e Corsica.
Per ogni torre triangolare, aggiungeremo una scheda che potrete scoprire di volta in volta durante le nostre ricerche.

Georges Salacroup ei suoi figli Serge e Sophie

Châteauneuf-Villevielle (France - 06)

Eglise Saint-Pierre-es-Liens

Ruines de Châteauneuf-Villevieille
Lieu : Châteauneuf-Villevieille (France - 06)
Datation du clocher : elle pourrait être antérieure à 1594, début du registre paroissial des baptêmes et enterrements. Il serait donc le plus ancien, et pourrait être le clocher « fondateur » au cours de la période du Baroque primitif qui débute en 1590.
Typologie du clocher : équilatéral édifié sur le chevet
Accès : le village de Châteauneuf-Villevieille est actuellement en ruine. On y accède à partir du col de Châteauneuf en venant soit de Contes, soit de Tourrette-Levens. Une piste permet d’accéder au plateau jusqu’à la chapelle Saint-Joseph d’où l’on peut rejoindre les ruines à pied. Pour accéder aux ruines de l’église, il faut prendre le sentier qui chemine dans les ruines sur la gauche et, après avoir franchi la porte d’entrée du bourg, l’église se trouve à droite.
Historique/Description : les tribus ligures ont très certainement installé un camp, dont il ne reste aucune trace, sur l’emplacement de Châteauneuf, car il subsiste de nombreux points d’occupation soit en allant vers le sommet du Férion, soit en allant vers le mont Macaron.
Les Romains, par la suite, installèrent leur castrum sur le plateau de l’actuel Châteauneuf-Villevieille, la villa vetus ou vetula (vieille ville).
Châteauneuf a été construit au sommet de la montagne dominant le col, à la suite des invasions barbares qui provoquèrent la chute de l’Empire romain, donc probablement au début du Moyen Âge. Son occupation allait durer jusqu’en 1718, avec des hauts et des bas ; le site fut complètement déserté à la Révolution.


Plan d'ensemble de l'église



Les ruines de l'église sont encore bien visibles. Un plan d’ensemble ci-dessus montre que la porte d’entrée a complètement disparu ; on peut encore apercevoir au nord, le mur du chœur, à l’est un grand mur dont le centre est effondré, au sud un autre mur incomplet, à l’ouest, où se trouvait la porte d’entrée, il ne reste rien.
En revanche, en observant de plus près le mur situé à l’est, dans sa partie centrale, on remarque la base d’une construction arrondie ; une abside. Une deuxième abside moins évidente devait être symétrique par rapport à la première et se situer dans le mur occidental qui est complètement démoli, la porte d’entrée de l’église se trouvant dans son prolongement. Un sondage pourrait confirmer ou infirmer cette architecture.
Le mur du chœur, situé au nord, est bien visible. Il possède deux niches rectangulaires, de part et d’autre de l’emplacement de l’autel. À gauche se trouve une porte qui permettait d’accéder au clocher. Elle permet actuellement de parvenir à une terrasse qui s’est en partie effondrée, supprimant l’accès au presbytère et à la base du clocher, mais elle est située en bordure du plateau supérieur des ruines et domine d’une dizaine de mètres la partie inférieure.
L’emplacement du clocher a été plus difficile à déterminer car il existait deux possibilités d’installation : soit le triangle bâti sur la façade nord de l’église, soit le triangle bâti sur la façade est. Ces deux triangles font partie d’une construction accolée ultérieurement à l’église pour servir de sacristie et de presbytère. La petite porte située à gauche de l’autel permet encore d’y accéder mais difficilement. Afin de déterminer avec exactitude l'emplacement du clocher, il fallait donc descendre dans la sacristie pour retrouver les traces du troisième mur (diagonal). Le triangle situé à l’est n’offrait aucune possibilité mais, au bas du triangle nord, dissimulée sous le lierre, on aperçoit la trompe qui soutenait le mur diagonal du clocher (photo ci-dessous).

Trompe du clocher
Il lui manque le petit arc de décharge qui s’est effondré avec le haut du clocher, mais la trompe, bâtie en petits moellons de céramique, occupe presque tout l’angle nord.
Les restes actuels de la base du clocher mesurent intérieurement 1,50 m sur chaque côté : c’était donc un triangle équilatéral. Il mesure 6,80 m de haut. La trompe est installée à une hauteur de 2 m. Le clocher devait surmonter le mur de façade de 2 m environ plus 1,50 m de toit, pour une hauteur totale de plus de 10 m de haut. Sa chute, lors du tremblement de terre de 1887, n’a rien d’étonnant. Il avait donc la forme d’un prisme régulier.
On peut essayer d’imaginer le déroulement des opérations aboutissant à la création du premier clocher triangulaire dans le comté de Nice. Il s’agit là d’une hypothèse reposant sur les observations que nous venons de faire, ainsi que sur les renseignements obtenus.
Cela se passait à Châteauneuf, la haute société niçoise y avait fait construire des manoirs et pris l’habitude de passer l’été dans ce lieu où l’air était certainement plus pur que dans la vieille ville de Nice, enserrée dans ses remparts. Il a d’ailleurs été répertorié près de 45 co-seigneurs à Châteauneuf. On peut citer les familles : Galleani, Martini, de Constantin, Barralis, Lascaris, Gallean, de Grimaldi, Tonduti, Bermondi.
Au milieu du XVIes. de nombreux palais ou manoirs y avaient été édifiés. L’église paroissiale se trouvant, comme aujourd’hui à Villevieille, il fallait donc, tous les dimanches, y descendre pour assister à la messe, en utilisant le sentier qui existe toujours à partir de la porte d’entrée nord. Quelques seigneurs ont du user de leur influence pour obtenir une église paroissiale à Châteauneuf ; cela fut fait en 1594, date à laquelle débute le registre de baptême de l’église Saint-Pierre-es-Liens.
Comme il n’était pas possible de construire une église, faute de place dans l’enceinte fortifiée, on a utilisé une chapelle médiévale datant du XII ou XIIIes. qui se trouvait en bordure du plateau sommital. Cette chapelle est devenue l’église Saint-Pierre-es-Liens. Il a fallu alors construire une sacristie et un presbytère. La seule possibilité se trouvait au nord-est de la chapelle, sur une terrasse rocheuse située à coté de celle-ci, ce qui explique la construction du bâtiment actuellement accolé à la façade nord de l’église et si curieusement orienté.
C’est alors que s’est posé le problème du clocher ; le constructeur a eu l’idée de surélever l’angle formé par le mur nord de l’église et le mur est de la sacristie, angle qui, par un pur hasard mesure 60°. En effet, ce mur a du prendre cette orientation afin de s’asseoir sur le rebord du plateau. Pour soutenir le troisième mur diagonal, il a construit une trompe en utilisant des petits moellons de céramique ; il devait avoir de bonnes connaissances en architecture pour utiliser cette technique.
Le clocher triangulaire sur la base d’un triangle équilatéral,coiffé d’un toit tétraédrique était donc né, d’une manière fortuite et empirique.
Voici une reconstitution de l’Eglise Saint-Pierre-es-Liens telle qu’elle se présentait à la fin du XVIe siècle, vue depuis le haut de Châteauneuf (Dessin de G. Salacroup).




Le clocher de Saint-Pierre-es-liens à Châteauneuf, serait donc le clocher fondateur de cette technique de clocher à base triangulaire pour la période baroque. Il a du marquer les esprits, puisque une vingtaine d’année après, son principe est utilisé et amélioré à Bendejun, où une chapelle de village, léguée par testament a ses habitants en 1612, en fut dotée.

Bendejun (France - 06)

Chapelle Notre-Dame-du-Rosaire


Lieu : Bendejun (France - 06)
Datation du clocher : entre 1612 et 1622
Typologie du clocher : rectangle isocèle en façade
Accès : en venant de Nice, à l’entrée de Bendejun, il faut aller à gauche en direction de la mairie et de l’église, puis au premier embranchement tourner à gauche : la chapelle se découvre à quelque distance de là.
Historique/Description : la chapelle est un petit bâtiment à une seule nef orientée. Une construction moins importante lui est accolée au sud-est : c’est l’ancien presbytère. Les murs sont en pierres apparentes sauf au-dessus de la porte d’entrée, au sud-ouest, où le fronton triangulaire, surmonté d’une croix, a conservé son crépi. Une fenêtre s’ouvre au-dessus de la porte d’entrée. Le mur nord possède deux fenêtres qui éclairaient la nef. Le clocher se situe dans le coin sud-ouest.



La chapelle désaffectée est utilisée par la municipalité comme salle de réunion. L’intérieur, peint en blanc, a été rénové avec goût, en mettant en valeur les huit pilastres qui, surmontés d’un entablement apparenté à l’ordre toscan, supportaient la voûte aujourd’hui disparue.
Cela permet de voir, dans le coin sud-ouest de la chapelle, la trompe qui supporte le mur diagonal du clocher.


Le clocher se présente sous la forme d’un prisme droit surmonté d’un toit triédrique. Il n’a qu’un seul étage. Sa facture baroque ne s’accorde pas avec le fronton néo-classique de la façade principale, ce qui laisse supposer que le clocher a été bâti postérieurement. Peu élevé, il peut se classer dans les premiers essais de construction de ce type. Sa base domine de peu le toit de la chapelle ; une moulure en plate-bande l’encadre. Il possède une ouverture cintrée sur chaque face ; une cloche est installée en façade principale. Les trois ouvertures cintrées ont été édifiées au moyen de tuf (concrétion calcaire très légère et facile à tailler). L’extrémité des piédroits de l’encadrement de chaque ouverture se termine par une moulure en céramique sur laquelle repose le cintre. Les trois angles du clocher ont été décorés par un pilastre en forme de colonne, ce qui leur donne un aspect arrondi et les classe dans l’influence piémontaise. Une importante corniche supporte le toit : elle se compose d’une petite moulure en céramique surmontée d’une frise au-dessus de laquelle on peut compter quatre moulures superposées, le tout s’apparentant à l’ordre toscan. Le toit, surmonté d’une croix, est couvert de tuiles vernissées reproduisant un motif de décoration en forme de losange sur les trois côtés.


Les habitants de Bendejun devaient parcourir une grande distance (plus de dix kilomètres), pour aller à la messe à Villevieille, ils utilisèrent donc cette chapelle pour les offices religieux, et avaient du bâtir le clocher pour appeler les paroissiens aux divers offices, chapelle qui leur fut ensuite cédée en 1612 par héritage. Ils avaient dû recruter des compagnons maçons pour réaliser cette construction en s’inspirant du clocher de Saint-Pierre-es-liens. Les compagnons, ne pouvant pas bâtir le clocher extérieurement à la chapelle, comme c’était le cas à Châteauneuf, car le triangle équilatéral (trois angles à 60°) ne s’insère pas dans un rectangle, ont eu l’idée d’agrandir l’angle de 60° à 90° en utilisant un angle intérieur de la chapelle, en façade, recréant ainsi le premier clocher édifié, sur la base d’un triangle rectangle isocèle, coiffé par un toit triédrique, mais en conservant la trompe comme support pour le mur diagonal. Cela va être la règle pendant toute la période baroque.
L’utilisation de la trompe, qui se situe entre le toit et la voûte de la chapelle, permet de bâtir un clocher moins onéreux, car on économise la hauteur des murs de la chapelle, on n’empiète pas dans la travée et on préserve la voûte. Il peut également être installé sur une chapelle préexistante.
La technique de construction d’un clocher sur la base d’un triangle rectangle isocèle était née, nous l’avons appelée par commodité « technique du Comté de Nice » puisque les deux premiers clochers ont été édifiés dans le Comté de Nice.
Les trois angles du clocher ont été arrondis, ce que nous retrouverons par la suite dans les clochers construits dans la zone d’influence piémontaise, Borgo San Dalmazzo, ainsi que Saint-Hospice à Saint-Jean-Cap-Ferrat. On peut donc penser que ce clocher a été élaboré par des compagnons maçons piémontais.
Ce clocher peut donc être daté avant 1612. La date de création de la paroisse, 1622 doit correspondre à la construction du presbytère.
Conclusion :
Nous pouvons donc dire que la naissance des clochers triangulaires, pour l'époque baroque, s’est effectuée en deux temps :
Premier temps, création fortuite d’un clocher sur la base d’un triangle équilatéral ;
Deuxième temps, création plus élaborée d’un clocher sur la base d’un triangle rectangle isocèle, situé sur un angle de la façade, en ouvrant l’angle de 60° à 90°.
Cette technique que nous avons appelé « technique du Comté de Nice » va se répandre dans le Comté et ensuite déborder dans les états voisins.
Elle présente plusieurs avantages :
La possibilité d’être utilisée sur un bâtiment religieux préexistant. L’installation se faisant sur un angle du bâtiment permet l’économie de deux murs importants et enfin, l’édification du clocher se faisant au dessus de la voûte diminue l’importance des travaux sur le toit, tout cela contribue à une diminution considérable des frais de construction. Cela parait être à l’origine de la diffusion de cette technique.

Falicon (France - 06)

Chapelle Sainte Croix




Lieu : Falicon (France - 06)
Datation du clocher : 1619
Typologie du clocher : isocèle rectangle en façade
Accès : la chapelle se trouve derrière l’église paroissiale. C’est un petit bâtiment situé au milieu d’une place où, contre le chœur, on a bâti une petite construction qui sert de remise. Elle n’est pas orientée, le chœur se situant au sud-est, l’entrée au nord-ouest.
Description : la chapelle a été bâtie en 1619 par l’archiconfrérie des Pénitents Blancs. Cette date figure sur le linteau de la porte d’entrée, de part et d’autre d’une croix gravée au centre dans un cercle. Sur le linteau, à gauche on peut lire « PER C (S) IGN », à droite « ST CRVCIS ». Au-dessus, on aperçoit une peinture naïve représentant deux pénitents blancs agenouillés au pied du Christ en croix.
Le Stato di Relazione établi le 6 avril 1837 à la demande de Mgr Domenico Galvano précise : Del Carmine, Dal Gonfalon di Santa Croce éretta 1606, date de la fondation de la confrérie des Pénitents Blancs à Falicon.
Cette chapelle, peu élevée (cinq mètres environ), occupe toute la place. Elle ne possède aucune décoration extérieure ; désaffectée, elle est utilisée par la municipalité comme salle de réunion.
Intérieurement, de l’entrée jusqu’au chœur, on observe une voûte en berceau s’arrêtant sur un arc doubleau qui repose sur deux pilastres marquant la limite du chœur. Quatre fenêtres éclairent la nef. Au-dessus du chœur, on peut observer une voûte à pénétration où s’ouvrent trois fenêtres, deux de part et d’autre de l’autel, la troisième au-dessus.
Cette chapelle, dont les murs mesurent 80 cm pour une faible hauteur, ne présente aucun caractère du style Baroque. La voûte est massive et, contrairement à la voûte médiévale, les quatre coins ont été arrondis, prenant intérieurement la forme d’une trompe favorisant ainsi l’installation du clocher.
Le clocher, situé sur le coin nord-ouest, est du type prisme droit coiffé par un toit triédrique.


 Il est très élevé par rapport à la chapelle ; il semble que les bâtisseurs, en tenant compte de l’expérience acquise dans les autres clochers, aient pris le risque d’édifier un clocher plus élevé, un demi-étage supplémentaire. À cette hauteur, une moulure du type plate-bande ceinture le clocher ; au-dessus s’ouvrent trois fenêtres cintrées ; une seule possède une cloche, celle située au nord-ouest. Au-dessus des ouvertures, une moulure ceinture le clocher au-dessus de laquelle on aperçoit une moulure concave appelée cavet droit ; trois autres moulures superposées terminent la corniche soutenant le toit qui est couvert de plaques de zinc. Une boule surmontée d’une croix domine le toit du clocher. Les extrémités du mur diagonal possèdent un large chanfrein qui dissimule ainsi le caractère triangulaire du clocher, lui donnant la forme d’un pentagone.
Depuis l’intérieur, on peut détailler la technique de construction. Le mur diagonal repose directement sur l'angle de la chapelle qui, à cet endroit, prend la forme d’une trompe. Les constructeurs ont su habilement utiliser la résistance de cette voûte pour y asseoir un petit arc de décharge sur lequel repose le mur diagonal qui est relativement court compte tenu des larges chanfreins. Ceux-ci reposent directement sur la voûte ; ils sont relativement importants et donnent à la base du clocher la forme d’un pentagone avec un angle droit. Nous retrouvons cette technique en Corse, à Oletta et à Olmeta di Tuda.
La décoration très sobre, sans pilastre ni chapiteau, le classe dans l’époque du Baroque primitif (1590 à 1650) ; il a été bâti suivant la technique du comté de Nice en utilisant l’ordre toscan. La date de 1619 peut être envisagée pour ce clocher qui prend la suite de celui de Bendejun. Cette chapelle peut être rapprochée de la chapelle initiale de Saint-Philippe-Néri, avenue Estienne d’Orves, à Nice.

Peillon (France - 06)

Chapelle Notre Dame des Sept Douleurs

Lieu : Peillon (France - 06)
Datation du clocher : 1661
Typologie du clocher : isocèle rectangle en façade
Accès : il faut gravir la montagne pour parvenir jusqu’au parking situé au pied du vieux village. Il suffit alors de se retourner pour apercevoir la chapelle et son curieux clocher.
Description : la chapelle est un bâtiment double ; elle n’est pas orientée, l’autel se situant au nord-est. La façade se trouve sur le premier bâtiment, d’époque Baroque, au sud-ouest. On y trouve la porte d’entrée encadrée par deux fenêtres. Au-dessus s’ouvre une grande fenêtre dont la moitié de la partie supérieure est lobée, permettant un bon éclairage dans la nef.


Curieusement, le toit de la partie baroque monte presque jusqu’à l’extrémité du clocher qui semble ainsi disparaître dans la façade. Celle-ci a été repeinte avec goût en utilisant le rose sombre avec du blanc pour les encadrements de la porte et des fenêtres ainsi que la matérialisation du clocher. Une croix a été peinte au-dessus de la porte pour rappeler la vénération de la confrérie des Pénitents Blancs à la Sainte Croix.
Le deuxième bâtiment, accolé au premier, est plus ancien, plus bas et légèrement décalé au nord-ouest. Au nord-est, une petite maison a été construite contre la chapelle, en retrait par rapport à la façade.
À l’intérieur, le premier bâtiment fait office de nef. Celle-ci, de facture baroque, possède quatre pilastres supportant un entablement au-dessus duquel a été bâtie la voûte. Au-dessus de la porte d’entrée, une tribune en bois domine la nef. Deux grands crucifix sont accrochés de part et d’autre du chœur.
Le deuxième bâtiment fait office de chœur. Il est voûté en berceau, à fond plat et constitue l’édifice primitif. Il est recouvert de fresques dont une partie seulement a été conservée. Au-dessous, au centre, une pietà en bois polychrome du XVe s., représentant Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, repose sur le tabernacle en bois. Notre-Dame-des-Sept-Douleurs est souvent représentée, en Italie, le cœur percé par sept épées, quatre à gauche et trois à droite.
L’ancien autel baroque, qui avait dégradé la fresque centrale, a été transféré dans la sacristie située derrière l’autel et desservie par deux portes.
Les fresques attribuées à J. Canavèse ont été réalisées en 1492. Nous pouvons voir :
- sur le fond plat, en haut, le Christ en croix entre la Vierge et saint Jean,
- en dessous, une descente de croix et de part et d’autre, à gauche, saint Antoine ermite, à droite, sainte Pétronille.
Sur la voûte et les murs latéraux, on trouve huit tableaux répartis sur deux rangées représentant les principales scènes de la passion :
- côté gauche, rangée supérieure : Jésus au jardin des oliviers et le baiser de Judas,
- rangée inférieure : Jésus devant Pilate et Montée au calvaire,
- côté droit, rangée supérieure : Jésus devant Caïphe et la flagellation,
- rangée inférieure : le Christ bafoué et le couronnement d’épines.
On y trouve une grande similitude avec la mort de Judas et la flagellation figurant sur les fresques de Notre-Dame-des-Fontaines à la Brigue (06).

Le clocher se situe sur l’angle sud-est de la partie baroque. Il est construit sur les deux murs de l’angle sud-est, mais ne se détache pas de ceux-ci en hauteur, si ce n’est que de quelques décimètres pour le mur diagonal. En effet, le toit de la chapelle baroque s’élève depuis l’ouest vers l’est d’un seul versant. Le clocher ne possède que deux ouvertures cintrées, une sur chaque mur d’angle. Il n’a donc la forme d’un prisme droit que sur une faible hauteur, mais son toit est de forme triédrique et couvert de tuiles vernissées en forme d’écailles ; il est surmonté d’une croix. Il se distingue donc des autres clochers en forme de prisme droit puisqu’il disparaît dans les deux murs d’angle ne laissant apparaître que son toit en forme de trièdre reposant sur un petit entablement qui domine la chapelle. En revanche, le petit mur diagonal, qui permet au toit du clocher d’émerger de celui de la chapelle, repose bien sur un arc de décharge simple car il ne supporte qu’un faible poids. Cet arc de décharge est visible derrière la cloche, par l’ouverture du clocher dans le mur sud-est. Toutefois, il s’inspire bien de la technique du comté de Nice.
Cette façon de construire le clocher intrigue, mais en observant la façade principale de la chapelle, on voit que la construction d’un toit à un seul versant était techniquement plus simple en s’alignant sur le toit de la chapelle romane.
Le clocher de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs est, à notre connaissance, l’unique exemple de ce type de construction.





Historique : (Archives historiques du diocèse de Nice)
Peillon s’appelait autrefois Peglione. Les moines de Saint-Ruf, fondé en 1039 à Avignon, créèrent des prieurés dans toute la France ; celui de Peille date du début du XIIe s. ; il donna naissance à celui de Sainte-Thècle (1154) qui correspond à l’actuelle mairie.
La chapelle, nous l’avons vu, se décompose en deux parties. La première, correspondant à la partie baroque, a été datée du XVIIe s., car la fondation de la confrérie des Pénitents Blancs de Peillon date du 18 mars 1661. La deuxième, voûtée en berceau, constitue l’édifice primitif recouvert par les fresques de J. Canavèse. Elle est datée du XIIIe s. Le clocher peut être daté d’après le 18 mars 1661.


Tourette-Levens (France - 06)

Eglise de la Trinité

Lieu : Tourette-Levens (France - 06)
Datation du clocher : entre 1665 et 1690
Typologie du clocher : rectangle isocèle en façade
Accès : le clocher se situe en haut du vieux village, avant d’arriver au château, sur une petite place à droite en montant.
Description : le clocher appartenait à l’ancienne église de la Trinité qui fut probablement la première église de Tourrette-Levens car elle est située sur le promontoire du château, donc dans l’enceinte fortifiée. Elle fut utilisée ensuite par les Pénitents Blancs, et s’est écroulée en 1946. Seul subsiste le clocher.
Il est bâti selon un prisme droit coiffé par un toit triédrique avec trois ouvertures cintrées. Le mur diagonal repose sur un arc de décharge ; ses deux extrémités ont été chanfreinées.

Il est décoré par une corniche inférieure à moulure concave, une moulure en plate-bande et par des pilastres encadrant les ouvertures cintrées des deux faces perpendiculaires et supportant un bel entablement mouluré. L’ensemble est d’ordre toscan. Le toit est couvert par des tuiles en écailles vernissées, les arêtes par des tuiles canal qui se doublent sur les angles chanfreinés ; il est surmonté par une boule, une croix et une petite girouette.

Actuellement, le mur diagonal repose sur un arc de décharge important qui a été installé après la démolition de la chapelle. Il est ainsi plus efficacement soutenu que par la trompe d’origine dont on aperçoit, en dessous, quelques restes recouverts par ce qui subsiste de la voûte autour du trou de la corde actionnant la cloche. C’est un bel exemple de la technique du comté de Nice ; il permet de bien comprendre ce mode de construction.

Saint Jean Cap Ferrat (France - 06)

Sanctuaire Saint Hospice


Lieu : Saint Jean Cap Ferrat (France - 06)
Datation du clocher : autour de 1700
Typologie du clocher : rectangle isocèle en façade
Accès : le sanctuaire a été bâti à l’est de la partie supérieure de la pointe de Saint-Hospice. On y accède facilement à partir du port de Saint-Jean-Cap-Ferrat. Cet édifice religieux n’est pas orienté, son autel étant au sud-est.
Description : l’édifice actuel, dédié à saint Hospice, fut bâti sur l’emplacement de la tour qui avait servi de retraite à ce saint homme et, de ce fait, fut appelé Sanctuaire ainsi qu’il est constaté dans un décret du pape Innocent II (1137). Plus tard, en 1655, il fut restauré et agrandi dans un style Baroque par ordre de Charles-Emmanuel II, duc de Savoie.




Il s’agit d’un bâtiment assez important précédé par un grand portique, daté de 1826, qui couvre la moitié inférieure de la façade. Sur le côté droit, à l’ouest, une construction plus petite et plus basse lui est accolée, datée de 1778 ; elle sert de sacristie. Le clocher domine l’angle nord-ouest du sanctuaire.
À droite, on aperçoit une Vierge à l’enfant Jésus, en bronze, haute d’une dizaine de mètres, qui, initialement, aurait du être installée face à la mer, au sommet de la tour construite en 1750 sur les ruines d’un fort bâti par Emmanuel-Philibert. Cette statue fut commandée par Auguste Gal au sculpteur milanais Galbusieri ; assemblée en 1903, elle est restée longtemps, face à la mer, au pied de la tour, avant de regagner son emplacement actuel auprès du sanctuaire, en 1937.
Le portique possède une entrée à l’ouest et deux ouvertures au nord et à l’est. L’intérieur est décoré par des peintures en trompe-l’œil. Autour de la porte, donnant accès au sanctuaire, on remarque des poissons et deux fenêtres ; au-dessus, une date : « 1660 ». Au-dessus du portique, la façade est percée en son milieu par une fenêtre au-dessous de laquelle se trouve un entablement en partie caché par le portique. Elle est étayée par quatre contreforts soutenant un fronton triangulaire surmonté d’une croix.
L’intérieur du sanctuaire, de style Baroque, se compose d’une seule nef entourée par huit pilastres supportant un entablement de style toscan sur lequel s’élève une voûte en forme de berceau soutenue par deux doubleaux. Le chœur se situe dans une abside ajourée par deux fenêtres. Au-dessus du chœur, derrière l’autel, on aperçoit un tableau représentant saint Hospice. À gauche du chœur, un groupe statuaire représente un guerrier sur le point de trancher la tête du saint. À droite, une porte donne accès à la sacristie.
Deux petites chapelles ont été « greffées » de part et d’autre de la nef, juste avant le chœur ; on y trouve des tableaux de saint Hospice et de Marie Madeleine. Celle de gauche est la plus ancienne, probablement contemporaine de la construction du sanctuaire. Celle de droite est plus récente.


Le clocher se situe sur l'angle nord-ouest du sanctuaire. Il a la forme d’un prisme droit coiffé par un petit toit triédrique à peine visible. Une petite croix domine le toit. Il possède deux ouvertures cintrées et une cloche dans chacune d’elle. Il est décoré par deux corniches d’ordre toscan reliées par des pilastres.
Le mur diagonal repose sur un arc de décharge important. Il est possible d’accéder au clocher, ainsi qu’à la chaire, à partir du petit logement situé à droite du sanctuaire. Le mur diagonal ne possède pas actuellement d’ouverture ; toutefois, on en aperçoit une sur une photographie datant de 1900 que l’on peut voir dans la sacristie. Les trois angles du clocher ne sont pas chanfreinés, mais ils ont été arrondis par une moulure décorative. Il a toutefois été bâti suivant la technique du comté de Nice, mais adapté à une conception piémontaise. C’est le duc Charles-Emmanuel II qui en a demandé la restauration en 1655, et qui a probablement envoyé des compagnons maçons piémontais.
Attardons-nous, à l’intérieur, sur le groupe statuaire en carton-pierre polychrome. Il représente saint Hospice sur le point d’avoir la tête tranchée par un guerrier d’allure sarrasine portant un turban. C’est évidemment un anachronisme, car saint Hospice était déjà mort depuis près de deux siècles lorsque les Sarrasins commencèrent leurs incursions sur le littoral méditerranéen. En revanche, il existe dans la chapelle de l’archiconfrérie de la Sainte-Trinité et du Saint-Suaire, au cours Saleya, un groupe statuaire en carton-pierre, datant de 1875, représentant le martyre de saint Hospice où un soldat, d’allure romaine, s’apprête à trancher la tête du saint.

Sospel (France - 06)

Chapelle Sainte Croix


Lieu : Sospel (France - 06)
Datation du clocher : entre 1640 et 1650 puis 1922 pour le deuxième étage
Typologie du clocher : rectangle isocèle édifié sur le chevet
Accès : en venant du col de Castillon, il faut traverser Sospel, prendre la direction du col de Brouis, passer le pont sur la Bévéra et tourner à gauche pour rentrer dans le bourg Saint-Nicolas où se trouvent la chapelle des Pénitents Noirs et la chapelle Sainte-Croix dont on aperçoit tout de suite le clocher triangulaire sur la rive gauche du cours d’eau. Elle se situe sur la place Sainte-Croix.
Description : la chapelle est un bâtiment de moyenne importance, d’une nef orientée. Sur son flanc nord est accolée une petite construction. La façade occidentale est pourvue d’un encadrement de porte avec des pilastres et un entablement en trompe-l’œil marbré ocre.
Sur la façade méridionale s’ouvre une belle porte au-dessus de laquelle un artistique médaillon entoure la croix, objet de la dévotion des Pénitents Blancs. En dessous, dans un cartouche, figure l’inscription suivante :
SODALITION / PENITENTIUM / TITULO S CRUCIS / 1842
(Congrégation des Pénitents de Sainte-Croix)
Deux contreforts encadrent la porte et quatre baies permettent l’éclairage de la nef. La façade peinte en bleu attire le regard par le jaune des encadrements et des contreforts. Sur le côté oriental, au-dessus de la porte de la sacristie, une curieuse ouverture en forme de croix rappelle la dévotion des pénitents. Une abside en cul-de-four subsiste du Moyen Âge.
La façade située au nord conserve la pierre apparente, ce qui permet de voir les diverses constructions. L’entrée principale à l’ouest s’ouvre sur un vaste tambour que surmonte une tribune baroque richement décorée.
La voûte intérieure, à pénétration, se compose de quatre travées ; elle est éclairée par quatre ouvertures. La décoration est réalisée en trompe-l’œil, arabesques de feuillages et de fleurs où se mêlent des bustes d’anges. Elle repose sur un entablement soutenu par des pilastres. Deux rangées de stalles bordent chaque côté de la chapelle ; près du chœur à droite se trouve la stalle surélevée du prieur. Cette nef pouvait accueillir une importante confrérie.
On trouve dans la chapelle, ornée par le gonfalon à l’effigie de sainte Catherine, les croix de procession, les bâtons régulateurs, les fanaux et les diverses bannières qui servaient aux processions des congrégations à l’époque Baroque.
Le chœur s’appuie sur un mur qui traverse toute la nef, créant ainsi, vers l’est, un espace utilisé comme sacristie situé sous l’abside romane. Il est richement décoré ; on peut y voir un grand retable encadré de colonnes et représentant la Vierge et Jésus à la descente de la croix.


Le clocher se situe quelques mètres avant l’extrémité orientale du mur méridional de façade.
Sa forme est un prisme droit surmonté d’un toit conique couvert de tuiles vernissées. Il possède plusieurs étages. La face sud repose sur le mur sud de façade. La face orientale, perpendiculaire à la précédente, repose sur le mur intérieur du chœur.
La troisième face (le mur diagonal) repose sur un arc de décharge important prenant assise dans le mur sud et le mur du chœur. Cet arc a été renforcé, à une date ultérieure, par une grosse poutre en bois. Les deux extrémités du mur diagonal ont été largement chanfreinées. Il a été construit suivant la technique du comté de Nice.

Pourquoi le clocher n'a pas été installé en façade?
La réponse est évidente, la façade ne donne pas sur une place mais sur une rue étroite. Cela aurait étouffé le clocher, par contre sa position actuelle sur une belle place et surtout légèrement décalé par rapport au chevet lui donne une esthétique certaine qui rappelle le nombre d'or.

Grâce à l’obligeance de la congrégation des Pénitents Blancs de Sospel, nous avons pu visiter le clocher ; il s’agit d’un des plus hauts clochers de ce type de notre inventaire. L’intérieur révèle un étage supplémentaire dont les ouvertures ont été condamnées, ce niveau se situant sous le premier étage actuel. Pour le second étage, une délibération du conseil municipal de Sospel, en date du 19 novembre 1922, avait autorisé le transfert de la cloche du clocher des Pénitents Noirs, situé à proximité et désaffecté, dans le clocher des Pénitents Blancs pour servir à l’installation d’une horloge. Toutefois, il était demandé que le clocher des Pénitents Blancs soit surélevé afin que le cadran de l’horloge puisse être vu par-dessus les maisons. Cela nous confirme donc la surélévation du clocher en 1922.
Ce clocher possède donc actuellement deux étages ; le premier, assez haut, possède une ouverture cintrée et munie d’un rebord sur chaque face. Il repose sur une petite corniche formée par trois moulures superposées dont une concave. Il est surmonté par une deuxième corniche plus importante formée de cinq moulures dont une concave qui couronnait le clocher de 1682. Le deuxième étage, de 1922, possède une horloge côté sud et une petite ouverture sur la face située au nord-ouest. Il est moins large que le premier, mais sa conception s’adapte parfaitement au premier clocher. Il est surmonté par une troisième corniche formée par quatre moulures superposées au-dessus de laquelle a été construit le toit conique en tuiles vernissées, surmonté par une demi-sphère et une croix. La cloche a été installée au premier étage.
Il existait des échanges entre les diverses confréries de Pénitents et ultérieurement les Frères Mineurs de l’Observance. La technique du clocher triangulaire a ainsi pu être transmise d’une confrérie à l’autre à partir du XVIIe s. Le sanctuaire de Laghet est proche de Châteauneuf-Villevieille et de Bendejun et pour aller au sanctuaire de Notre-Dame-de-Vico, il faut passer par Borgo San Dalmazzo.
La construction du clocher devrait succéder à celle du mur du chœur sur lequel il repose ; la date n’est pas précisée. Son existence est attestée par la gravure de 1682, il est donc antérieur. Par contre, si l’on compare ce clocher avec celui de Saint-Paul-de-Vence, leur facture est similaire ; on pourrait donner une date pour Sospel, entre 1640 et 1650. L’aspect relativement sobre de ce clocher permet de le classer dans l’époque du Baroque primitif avant 1650.




Nice (France - 06) n°1

Chapelle du Saint Sépulcre

Lieu : Nice (France - 06)
Datation du clocher : 1782
Typologie du clocher : rectangle isocèle édifié sur le chevet
Accès : la chapelle, qui n’est pas orientée (l’autel se trouve au sud), se situe au premier étage d’un grand bâtiment qui occupe le sud de la place Garibaldi ; la façade domine les arcades.
Description : la chapelle se compose de trois grandes ouvertures cintrées, encadrées de pilastres doubles à chaque extrémité et de colonnes doubles de part et d’autre de la fenêtre centrale soutenant des chapiteaux d’ordre composite. Au-dessus de la fenêtre centrale, se trouve l’horloge ; deux guirlandes sculptées décorent le haut de deux autres fenêtres. L’entablement, situé au-dessus des pilastres et des colonnes, porte la mention :


+ SOCIETAS SANCTISSIMI SEPULCRI +
(Société du Très Saint-Sépulcre)
Au-dessus de cette inscription, un grand fronton triangulaire domine la façade ; il est décoré par un grand écusson, surmonté par une tête d’angelot aux longs cheveux, portant l'inscription suivante : 
+ MARIA EST ASSUMPTA IN COELIS OPN PECATORIBUS MDLII EX VOTO +
Deux grandes guirlandes sculptées terminent la décoration. Au faîte du fronton, un pinacle supporte une croix décorée à sa base par deux palmes et une couronne. De part et d’autre du fronton, on peut apercevoir deux pots à feu.
L’entrée de la chapelle se situe sous les arcades. Elle est encadrée, à gauche, par le Christ porteur d’un réceptacle à aumônes, à droite, par la pierre sombre qui est le seul vestige de l’ancienne chapelle de Notre-Dame-de-Sincaire et qui porte un texte latin rappelant son histoire ; au sommet de la porte, enfin, se trouve le fronton orné des armes de Nice.
La porte s’ouvre sur un grand escalier à double révolution qui permettait d’accéder à la chapelle par deux portes. Actuellement, seule la porte de droite est utilisée.
La chapelle possède deux travées séparées par deux colonnes. La deuxième travée possède deux autels latéraux : à gauche, la Madone de Sincaire, à droite, l’Assomption.
Dans le chœur, on peut voir le Sépulcre du Christ encastré dans l’autel et l’Assomption, toile de grande importance attribuée à Abraham Louis Van Loo (1656-1712). À gauche de la chapelle, côté ouest, on accède à la sacristie.

Le clocher se situe au faîte du toit, en arrière du fronton, sur sa droite, bien visible depuis l’avenue de la République.
Les deux faces se situant à l’est et au nord, sont donc bien visibles de la place, la troisième face, le mur diagonal, s’esquive vers le sud-ouest. Chaque face possède une ouverture cintrée où se situe une cloche. Les deux angles situés à l’extrémité du mur diagonal ont été chanfreinés. La décoration est sobre. Toutefois une moulure ornée, d’ordre composite, entoure le haut du clocher.


Ce dernier a la forme d’un prisme droit coiffé par un toit triédrique surmonté d’une croix et couvert par des plaques de zinc en forme d’écailles. Par contre, son installation ne correspond pas au modèle type : il ne repose pas sur les murs d’angle de la chapelle car celle-ci est insérée dans un ensemble architectural.
La visite des combles situés sous le clocher nous a permis de comprendre le mode de construction de celui-ci. Les deux murs d’angle sont ici remplacés par le mur de l’escalier montant vers l’ouest qui traverse tout le bâtiment, et par le mur de la sacristie qui lui est perpendiculaire. Ces deux murs montent jusque dans les combles, au faîte du toit, et supportent les deux faces rectangulaires du clocher. Le mur diagonal ne repose pas sur un arc de décharge mais sur un linteau prenant appui sur deux corbeaux insérés dans les murs d’angle ; toutefois, le clocher est de faible dimension. Nous sommes ici en présence d’une autre technique de construction : le clocher se trouve au centre du bâtiment. Il semblerait que les constructeurs, en privilégiant la façade principale, aient rejeté le clocher en arrière du bâtiment en lui réservant un aspect plus sobre qui pourrait le classer dans la période Prébaroque. Toutefois, il a été bâti suivant la technique du comté de Nice. L’entablement du toit, d’ordre composite, ainsi que les chapiteaux de la façade, le classent dans la période Baroque classicisme.

Nice (France - 06) n°2

Chapelle Saint Philippe Néri

Lieu : Nice (France - 06)
Datation du clocher : après 1784
Typologie du clocher : rectangle isocèle édifié sur le chevet
Accès : la chapelle se situe sur l’avenue Estienne d’Orves, à la hauteur du lycée portant le même nom.
Description : la chapelle est un bâtiment de moyenne importance qui regroupe, au centre, la chapelle initiale bâtie en 1624, correspondant à la nef principale, les deux collatéraux avec le presbytère bâti au-dessus et à côté du collatéral gauche, et la sacristie située derrière le chœur.
La façade baroque correspond à la nef principale. Au-dessus de la porte d’entrée très simple de la chapelle initiale, un cartouche très ouvragé porte les mentions suivantes :
D.O.M
DIVO PHILIPPO NERIO
SACRUM
1612
Domino Optimo Maximo (Au Seigneur, le meilleur, le plus grand)
Le reste de l’inscription fait état de la consécration de la chapelle en 1612 au bienheureux Philippe Néri. Cette date diffère considérablement de la date de construction de la chapelle : 1624. La date de 1612 apposée sur la façade est peut-être une reprise erronée effectuée lors d’une réfection. La sanctification de saint Philippe Néri date de 1622 ; la date de 1624 semble plus logique pour la construction de la chapelle.
En haut de la façade, s’ouvre un œil-de-bœuf qui éclaire la nef principale. Il est surmonté d’une petite archivolte demi-circulaire ; en dessous, des feuillages sculptés forment un demi-cercle.
La façade se termine par une archivolte en anse de panier décorée par un entablement mouluré dont le centre, en forme de clef de voûte, vient s’appuyer sur l’encadrement de l’œil-de-bœuf. Le fronton est surmonté par une croix. À cette façade de style Baroque, est accolée celle du collatéral de droite où s’ouvre une fenêtre. À gauche, la façade du presbytère présente l’aspect d’une maison d’habitation. Au rez-de-chaussée, on aperçoit une porte et deux fenêtres, au premier étage, trois fenêtres.
La chapelle, de style Baroque, se compose d’une nef et de deux collatéraux ; elle n’est pas orientée, l’autel se trouvant au nord. La porte située en façade s’ouvre sur la nef principale, plus haute que les autres ; elle se décompose en trois travées. La première est dominée, en entrant, par une tribune en bois, sur la gauche, se trouve la statue de saint Philippe Néri qui semble dater du XVIIe s. La deuxième accueille les fidèles ; sur un pilier, à gauche, on aperçoit un grand crucifix qui paraît contemporain de la statue de saint Philippe. La troisième correspond au chœur.
Au-dessus de l’autel, un grand tableau représente saint Charles Borromée, archevêque de Milan et cardinal. À droite de l’autel, une statue de la Vierge, à gauche, celle de saint Joseph. En haut à gauche, un tableau représentant saint Dominique, à droite, un tableau non identifié.
Chaque travée donne accès aux deux autres collatéraux par de grandes ouvertures cintrées percées dans les murs très larges (70 cm) de la nef centrale ; ceci laisse penser qu’il s’agit bien de la chapelle initiale.
Le collatéral de droite possède trois travées. Dans la première, au sud, se trouve l’escalier en bois donnant accès à la tribune, et une statue de saint Antoine de Padoue. Dans la deuxième se trouve l’orgue. La troisième donne accès à la sacristie. Le collatéral de gauche accueille les fidèles et donne accès au presbytère. Dans le coin nord-est se trouvent les cordes des trois cloches. Curieusement, le presbytère est bâti en partie sur le collatéral de gauche et déborde l’ensemble du bâtiment sur la gauche.
La décoration intérieure est baroque. Un grand entablement avec architrave fait le tour de la nef, en reposant sur deux grands piliers à l’entrée de la chapelle et devant le chœur. Les ouvertures sont cintrées et de la même hauteur, sauf celle située au milieu à droite qui est plus haute.
La visite de la chapelle des Pénitents Blancs de Falicon datée de 1619 suggère l’hypothèse suivante : la nef de la chapelle actuelle correspond à celle bâtie en 1624, avec une voûte à pénétration où plusieurs fenêtres éclairaient l’intérieur. Il a donc été plus facile, ultérieurement, d’ouvrir les murs latéraux sous les fenêtres pour agrandir la chapelle et permettre d’accéder aux deux autres collatéraux. On remarque des pierres saillantes en haut du piédroit de l’ouverture centrale de droite ainsi que sur les autres piédroits. Une pierre particulièrement importante subsiste sur le piédroit situé à droite de l’autel. Cela démontre bien l’ouverture des murs latéraux de la première chapelle, car, si les piédroits avaient été bâtis d’origine, il ne subsisterait aucune pierre saillante.
Le mur du collatéral de droite ne mesure que 55 cm et celui du presbytère 50 cm. La chapelle actuelle est très sombre car les fenêtres qui l’éclairent sont peu nombreuses du fait de l’agrandissement.


Le clocher se situe sur le coin nord-est du collatéral de gauche. Il n’est pas en façade, mais sur le chevet de la chapelle. Sa base est un triangle rectangle isocèle ; le corps du clocher a la forme d’un prisme droit et le toit d’un trièdre. Il repose donc sur le mur gauche de la nef centrale et sur le mur nord de l’édifice comprenant le collatéral de gauche et la partie du presbytère le surmontant. Le mur diagonal du clocher repose sur un arc de décharge qui prend appui, d’un côté, sur le mur nord de l’édifice, de l’autre sur le mur gauche de la nef centrale ; on le constate grâce à une trappe qui s’ouvre dans la cuisine du presbytère, sous le clocher ; les cordes des cloches traversent cette cuisine. Les deux extrémités du mur diagonal ont été largement chanfreinées.
Situé à l’arrière de la chapelle, le clocher s’élève sur deux étages. Le premier n’a pas d’ouverture ; il permet au clocher de prendre de l’altitude et d’être ainsi vu en façade ; il se termine par une corniche supportant une moulure en plate-bande sur laquelle repose le deuxième étage du clocher. On peut apercevoir trois ouvertures cintrées munies d’une cloche chacune et décorées de plusieurs moulures. Chaque face est encadrée par des pilastres surmontés d’un entablement sur lequel repose le toit couvert de tuiles en écailles vernissées. Il est surmonté par un cœur évoquant le Sacré-Cœur. Il a été bâti suivant la technique du comté de Nice.
Le clocher actuel, très ouvragé, correspond plutôt au XVIIIe s.
Cette chapelle n’était pas rattachée à une confrérie de Pénitents ; elle appartenait au séminaire de Nice ; devenue chapelle de quartier, elle était administrée au XVIIIe s. par des prieurs laïques.
En toute logique, on peut penser que l’agrandissement de la chapelle et la construction du clocher ont été réalisés entre 1784 et le 29 septembre 1792, date de l’entrée à Nice des troupes françaises.
La chapelle est devenue église paroissiale en 1814, le traité de Paris ayant restitué le comté de Nice au roi de Sardaigne ; toutefois, le premier registre de baptême date du 12 août 1796.

Saint Sauveur sur Tinée (France - 06)

Chapelle Saint Blaise


Lieu : Saint Sauveur sur Tinée (France - 06)
Datation du clocher : 1784
Typologie du clocher : rectangle isocèle à l'extérieur de la chapelle
Accès : En venant de Nice, après avoir traversé le village de Saint-Sauveur-sur-Tinée, il faut tourner à gauche, descendre, passer le pont et remonter jusqu’au cimetière. La chapelle se situe à gauche de l’entrée principale.
Description : la chapelle est un petit bâtiment de 11,50 m de longueur pour 6,20 m de largeur. Il est bien orienté, l’autel se situant à l’est. Il se compose d’une nef unique, à gauche de laquelle une chapelle secondaire a été bâtie au milieu du mur nord. La façade principale, à l’ouest, comprend la porte d’entrée surmontée d’une fenêtre et encadrée par deux petites ouvertures. Le tout est surmonté d’un cartouche portant l’inscription suivante :
SANCTI BLASII
ORA PRO NOBIS 
La petite chapelle adjacente mesure 3,60 m de large sur 4,67 m de long. Elle possède une entrée, à l’ouest, fermée par une grille et surmontée par une fenêtre que l’on retrouve sur les faces nord et est. Actuellement, cette chapelle appartient à la famille Ciaudo qui l’utilise comme caveau familial.


Le clocher repose sur l’angle droit formé par la chapelle adjacente avec Saint-Blaise, mais contrairement à la technique utilisée dans le comté de Nice où il se situe à l’intérieur de l’édifice, ici, il repose sur un mur de Saint-Blaise et un mur de la chapelle adjacente, mais le mur diagonal, lui, est à l’extérieur, soutenu par un arc de décharge visible extérieurement. On aperçoit le trou par où sortait la corde de la cloche.

À l’intérieur, la chapelle Saint-Blaise possède six pilastres supportant un entablement sur lequel s’appuie une voûte en berceau avec pénétration. On remarque deux fenêtres côté sud. L’autel se trouve dans le chœur qui possède un plafond en voûte d’arêtes que l’on peut dater du XVe s. On peut rapprocher Saint-Blaise de l’église paroissiale de Saint-Sauveur datée du XVe s.
La chapelle adjacente est baroque. Le mur de façade ouest a été élargi à 80 cm, ainsi que le mur de façade nord de Saint-Blaise, pour soutenir le poids du clocher, les autres murs ne mesurant que 40 cm. Ceci permet à la chapelle adjacente d’avoir la forme d’un carré expliquant ainsi la construction d’une coupole sur pendentifs. L’autel se situe contre le mur nord. Aux quatre coins, on aperçoit des colonnes accolées, surmontées par des chapiteaux d’ordre ionique. Un double entablement se situe sur les faces est, nord, et ouest, supportant les arcades du carré du transept et les pendentifs, le tout dominé par la coupole.
On remarque plusieurs détails intéressants. La décoration des chapiteaux d’ordre ionique apparaît dans la chapelle Saint-Blaise, alors que la décoration intérieure est totalement différente. L’entablement qui décore Saint-Blaise s’arrête au niveau de la chapelle adjacente ; il en est de même dans cette dernière. En conclusion, on peut dire avec certitude qu’à l’origine la chapelle adjacente faisait partie de la chapelle Saint-Blaise et qu’elle avait été bâtie ultérieurement en ouvrant le mur nord de la chapelle Saint-Blaise. Lorsque la famille Ciaudo en est devenue propriétaire, un mur a été bâti pour isoler les deux chapelles.
Le clocher est du type triangle rectangle isocèle ; le corps du clocher est un prisme droit, le toit est triédrique. Le mur diagonal est extérieur aux chapelles ; il est soutenu par un arc de décharge prenant appui dans le mur ouest de la chapelle adjacente et dans le mur nord de Saint-Blaise sous la limite du toit. Il est parfaitement visible de l’extérieur. Il se réfère bien à la technique du comté de Nice : les angles sont chanfreinés et décorés par un pilastre. Le clocher, en assez mauvais état, est entouré à la base par une moulure. Il domine les deux toits ; celui de la chapelle est couvert de lauzes tandis que celui de Saint-Blaise, refait à neuf, est couvert d’ardoises rouges. Il possède trois fenêtres cintrées sans cloche. On peut apercevoir, malgré le délabrement, les pilastres encadrant les ouvertures cintrées et soutenant un entablement, sous la corniche du toit. La toiture en mauvais état conserve quelques morceaux de zinc, reliquats d’une réfection antérieure. Au-dessus du clocher, on peut voir une élégante girouette en forme de tête d’oiseau portant l’inscription suivante :
L B
784

Comme il existe un espace à gauche des chiffres, on peut se poser la question de savoir s’il n’existait pas auparavant une partie de la girouette portant un 1, ce qui permettrait de dater le clocher de 1784, ce qui paraît une époque probable.