Chapelle Saint Philippe Néri
Lieu : Nice (France - 06)
Datation du clocher : après 1784
Typologie du clocher : rectangle isocèle édifié sur le chevet
Accès : la chapelle se situe sur l’avenue Estienne d’Orves, à la hauteur du lycée portant le même nom.
Description : la chapelle est un bâtiment de moyenne
importance qui regroupe, au centre, la chapelle initiale bâtie en
1624, correspondant à la nef principale, les deux collatéraux avec
le presbytère bâti au-dessus et à côté du collatéral gauche, et
la sacristie située derrière le chœur.
La
façade baroque correspond à la nef principale. Au-dessus de la
porte d’entrée très simple de la chapelle initiale, un cartouche
très ouvragé porte les mentions suivantes :
D.O.M
DIVO
PHILIPPO NERIO
SACRUM
1612
Domino Optimo
Maximo (Au Seigneur, le meilleur, le plus grand)
Le reste
de l’inscription fait état de la consécration de la chapelle en
1612 au bienheureux
Philippe Néri. Cette date diffère considérablement de la date de
construction de la chapelle : 1624. La date de 1612 apposée sur
la façade est peut-être une reprise erronée effectuée lors d’une
réfection. La sanctification de saint Philippe Néri date de 1622 ;
la date de 1624 semble plus logique pour la construction de la
chapelle.
En
haut de la façade, s’ouvre un œil-de-bœuf qui éclaire la nef
principale. Il est surmonté d’une petite archivolte
demi-circulaire ; en dessous, des feuillages sculptés forment
un demi-cercle.
La
façade se termine par une archivolte en anse de panier décorée par
un entablement mouluré dont le centre, en forme de clef de voûte,
vient s’appuyer sur l’encadrement de l’œil-de-bœuf. Le
fronton est surmonté par une croix. À cette façade de style
Baroque, est accolée celle du collatéral de droite où s’ouvre
une fenêtre. À gauche, la façade du presbytère présente l’aspect
d’une maison d’habitation. Au rez-de-chaussée, on aperçoit une
porte et deux fenêtres, au premier étage, trois fenêtres.
La
chapelle, de style Baroque, se compose d’une nef et de deux
collatéraux ; elle n’est pas orientée, l’autel se trouvant
au nord. La porte située en façade s’ouvre sur la nef principale,
plus haute que les autres ; elle se décompose en trois travées.
La première est dominée, en entrant, par une tribune en bois, sur
la gauche, se trouve la statue de saint Philippe
Néri qui semble dater du XVIIe s. La deuxième accueille les
fidèles ; sur un pilier, à gauche,
on aperçoit un grand crucifix qui paraît contemporain de la statue
de saint Philippe. La troisième correspond au chœur.
Au-dessus
de l’autel, un grand tableau représente saint Charles Borromée,
archevêque de Milan et cardinal. À
droite de l’autel, une statue de la Vierge, à gauche, celle de
saint Joseph. En haut à gauche, un tableau représentant saint
Dominique, à droite, un tableau non identifié.
Chaque
travée donne accès aux deux autres collatéraux par de grandes
ouvertures cintrées percées dans les
murs très larges (70 cm) de la nef centrale ; ceci laisse
penser qu’il s’agit bien de la chapelle initiale.
Le
collatéral de droite possède trois travées. Dans la première, au
sud, se trouve l’escalier en bois donnant accès à la tribune, et
une statue de saint Antoine de Padoue. Dans la deuxième se trouve
l’orgue. La troisième donne accès à la sacristie. Le collatéral
de gauche accueille les fidèles et donne accès au presbytère. Dans
le coin nord-est se trouvent les cordes des trois cloches.
Curieusement, le presbytère est bâti en partie sur le collatéral
de gauche et déborde l’ensemble du bâtiment sur la gauche.
La
décoration intérieure est baroque. Un grand entablement avec
architrave fait le tour de la nef, en reposant sur deux grands
piliers à l’entrée de la chapelle et devant le chœur. Les
ouvertures sont cintrées et de la même hauteur, sauf celle située
au milieu à droite qui est plus haute.
La
visite de la chapelle des Pénitents Blancs de Falicon datée de 1619
suggère l’hypothèse suivante : la nef de la chapelle
actuelle correspond à celle bâtie en 1624, avec une voûte à
pénétration où plusieurs fenêtres éclairaient l’intérieur. Il
a donc été plus facile, ultérieurement, d’ouvrir les murs
latéraux sous les fenêtres pour agrandir la chapelle et permettre
d’accéder aux deux autres collatéraux. On remarque des pierres
saillantes en haut du piédroit de l’ouverture centrale de droite
ainsi que sur les autres piédroits. Une pierre particulièrement
importante subsiste sur le piédroit situé à droite de l’autel.
Cela démontre bien l’ouverture des murs latéraux de la première
chapelle, car, si les piédroits avaient été bâtis d’origine, il
ne subsisterait aucune pierre saillante.
Le mur
du collatéral de droite ne mesure que 55 cm et celui du presbytère
50 cm. La chapelle actuelle est très sombre car les fenêtres qui
l’éclairent sont peu nombreuses du fait de l’agrandissement.
Le
clocher se situe sur le coin nord-est du collatéral de gauche. Il
n’est pas en façade, mais sur le chevet de la chapelle.
Sa base est un triangle rectangle isocèle ; le corps du clocher
a la forme d’un prisme droit et le toit d’un trièdre. Il repose
donc sur le mur gauche de la nef centrale et sur le mur nord de
l’édifice comprenant le collatéral de gauche et la partie du
presbytère le surmontant. Le mur diagonal du clocher repose sur un
arc de décharge qui prend appui, d’un côté, sur le mur nord de
l’édifice, de l’autre sur le mur gauche de la nef centrale ;
on le constate grâce à une trappe qui s’ouvre dans la cuisine du
presbytère, sous le clocher ; les cordes des cloches traversent
cette cuisine. Les deux extrémités du mur diagonal ont été
largement chanfreinées.
Situé à
l’arrière de la chapelle, le clocher s’élève sur deux étages.
Le premier n’a pas d’ouverture ; il permet au clocher de
prendre de l’altitude et d’être ainsi vu en façade ; il se
termine par une corniche supportant une moulure en plate-bande sur
laquelle repose le deuxième étage du clocher. On peut apercevoir
trois ouvertures cintrées munies d’une cloche chacune et décorées
de plusieurs moulures. Chaque face est encadrée par des pilastres
surmontés d’un entablement sur lequel repose le toit couvert de
tuiles en écailles vernissées. Il est surmonté par un cœur
évoquant le Sacré-Cœur. Il a été bâti suivant la technique du
comté de Nice.
Le
clocher actuel, très ouvragé, correspond plutôt au XVIIIe s.
Cette
chapelle n’était pas rattachée à une confrérie de Pénitents ;
elle appartenait au séminaire de Nice ;
devenue chapelle de quartier, elle était administrée au XVIIIe s.
par des prieurs laïques.
En toute
logique, on peut penser que l’agrandissement de la chapelle et la
construction du clocher ont été réalisés entre 1784 et le 29
septembre 1792, date de l’entrée à Nice des troupes françaises.
La
chapelle est devenue église paroissiale en 1814, le traité de Paris
ayant restitué le comté de Nice au roi de Sardaigne ;
toutefois, le premier registre de baptême date du 12 août 1796.