Chapelle Notre-Dame-du-Rosaire
Lieu : Bendejun (France - 06)
Datation du clocher : entre 1612 et 1622
Typologie du clocher : rectangle isocèle en façade
Accès : en venant de Nice, à l’entrée de Bendejun, il faut aller à gauche en direction de la mairie et de l’église, puis au premier embranchement tourner à gauche : la chapelle se découvre à quelque distance de là.
Historique/Description : la chapelle est un petit bâtiment à une seule nef orientée. Une construction moins importante lui est accolée au sud-est : c’est l’ancien presbytère. Les murs sont en pierres apparentes sauf au-dessus de la porte d’entrée, au sud-ouest, où le fronton triangulaire, surmonté d’une croix, a conservé son crépi. Une fenêtre s’ouvre au-dessus de la porte d’entrée. Le mur nord possède deux fenêtres qui éclairaient la nef. Le clocher se situe dans le coin sud-ouest.
Les habitants de Bendejun devaient parcourir une grande distance (plus de dix kilomètres), pour aller à la messe à Villevieille, ils utilisèrent donc cette chapelle pour les offices religieux, et avaient du bâtir le clocher pour appeler les paroissiens aux divers offices, chapelle qui leur fut ensuite cédée en 1612 par héritage. Ils avaient dû recruter des compagnons maçons pour réaliser cette construction en s’inspirant du clocher de Saint-Pierre-es-liens. Les compagnons, ne pouvant pas bâtir le clocher extérieurement à la chapelle, comme c’était le cas à Châteauneuf, car le triangle équilatéral (trois angles à 60°) ne s’insère pas dans un rectangle, ont eu l’idée d’agrandir l’angle de 60° à 90° en utilisant un angle intérieur de la chapelle, en façade, recréant ainsi le premier clocher édifié, sur la base d’un triangle rectangle isocèle, coiffé par un toit triédrique, mais en conservant la trompe comme support pour le mur diagonal. Cela va être la règle pendant toute la période baroque.
La chapelle désaffectée est utilisée par la municipalité comme salle de réunion. L’intérieur, peint en blanc, a été rénové avec goût, en mettant en valeur les huit pilastres qui, surmontés d’un entablement apparenté à l’ordre toscan, supportaient la voûte aujourd’hui disparue.
Cela permet de voir, dans le coin sud-ouest de la chapelle, la trompe qui supporte le mur diagonal du clocher.
Le clocher se présente sous la forme d’un prisme droit surmonté d’un toit triédrique. Il n’a qu’un seul étage. Sa facture baroque ne s’accorde pas avec le fronton néo-classique de la façade principale, ce qui laisse supposer que le clocher a été bâti postérieurement. Peu élevé, il peut se classer dans les premiers essais de construction de ce type. Sa base domine de peu le toit de la chapelle ; une moulure en plate-bande l’encadre. Il possède une ouverture cintrée sur chaque face ; une cloche est installée en façade principale. Les trois ouvertures cintrées ont été édifiées au moyen de tuf (concrétion calcaire très légère et facile à tailler). L’extrémité des piédroits de l’encadrement de chaque ouverture se termine par une moulure en céramique sur laquelle repose le cintre. Les trois angles du clocher ont été décorés par un pilastre en forme de colonne, ce qui leur donne un aspect arrondi et les classe dans l’influence piémontaise. Une importante corniche supporte le toit : elle se compose d’une petite moulure en céramique surmontée d’une frise au-dessus de laquelle on peut compter quatre moulures superposées, le tout s’apparentant à l’ordre toscan. Le toit, surmonté d’une croix, est couvert de tuiles vernissées reproduisant un motif de décoration en forme de losange sur les trois côtés.
Les habitants de Bendejun devaient parcourir une grande distance (plus de dix kilomètres), pour aller à la messe à Villevieille, ils utilisèrent donc cette chapelle pour les offices religieux, et avaient du bâtir le clocher pour appeler les paroissiens aux divers offices, chapelle qui leur fut ensuite cédée en 1612 par héritage. Ils avaient dû recruter des compagnons maçons pour réaliser cette construction en s’inspirant du clocher de Saint-Pierre-es-liens. Les compagnons, ne pouvant pas bâtir le clocher extérieurement à la chapelle, comme c’était le cas à Châteauneuf, car le triangle équilatéral (trois angles à 60°) ne s’insère pas dans un rectangle, ont eu l’idée d’agrandir l’angle de 60° à 90° en utilisant un angle intérieur de la chapelle, en façade, recréant ainsi le premier clocher édifié, sur la base d’un triangle rectangle isocèle, coiffé par un toit triédrique, mais en conservant la trompe comme support pour le mur diagonal. Cela va être la règle pendant toute la période baroque.
L’utilisation de la trompe, qui se situe entre le toit et la voûte de la chapelle, permet de bâtir un clocher moins onéreux, car on économise la hauteur des murs de la chapelle, on n’empiète pas dans la travée et on préserve la voûte. Il peut également être installé sur une chapelle préexistante.
La technique de construction d’un clocher sur la base d’un triangle rectangle isocèle était née, nous l’avons appelée par commodité « technique du Comté de Nice » puisque les deux premiers clochers ont été édifiés dans le Comté de Nice.
Les trois angles du clocher ont été arrondis, ce que nous retrouverons par la suite dans les clochers construits dans la zone d’influence piémontaise, Borgo San Dalmazzo, ainsi que Saint-Hospice à Saint-Jean-Cap-Ferrat. On peut donc penser que ce clocher a été élaboré par des compagnons maçons piémontais.
Ce clocher peut donc être daté avant 1612. La date de création de la paroisse, 1622 doit correspondre à la construction du presbytère.
Conclusion :
Nous pouvons donc dire que la naissance des clochers triangulaires, pour l'époque baroque, s’est effectuée en deux temps :
Premier temps, création fortuite d’un clocher sur la base d’un triangle équilatéral ;
Deuxième temps, création plus élaborée d’un clocher sur la base d’un triangle rectangle isocèle, situé sur un angle de la façade, en ouvrant l’angle de 60° à 90°.
Cette technique que nous avons appelé « technique du Comté de Nice » va se répandre dans le Comté et ensuite déborder dans les états voisins.
Elle présente plusieurs avantages :
La possibilité d’être utilisée sur un bâtiment religieux préexistant. L’installation se faisant sur un angle du bâtiment permet l’économie de deux murs importants et enfin, l’édification du clocher se faisant au dessus de la voûte diminue l’importance des travaux sur le toit, tout cela contribue à une diminution considérable des frais de construction. Cela parait être à l’origine de la diffusion de cette technique.