Chapelle Notre Dame des Sept Douleurs
Lieu : Peillon (France - 06)
Datation du clocher : 1661
Typologie du clocher : isocèle rectangle en façade
Accès : il faut gravir la montagne pour parvenir jusqu’au parking situé au pied du vieux village. Il suffit alors de se retourner pour apercevoir la chapelle et son curieux clocher.
Description : la
chapelle est un bâtiment double ; elle n’est pas orientée,
l’autel se situant au nord-est. La façade se trouve sur le premier
bâtiment, d’époque Baroque, au sud-ouest. On y trouve la porte
d’entrée encadrée par deux fenêtres. Au-dessus s’ouvre une
grande fenêtre dont la moitié de la partie supérieure est lobée,
permettant un bon éclairage dans la nef.
Curieusement,
le toit de la partie baroque monte presque jusqu’à l’extrémité
du clocher qui semble ainsi disparaître dans la façade.
Celle-ci a été repeinte avec goût en utilisant le rose sombre avec
du blanc pour les encadrements de la porte et des fenêtres ainsi que
la matérialisation du clocher. Une croix a été peinte au-dessus de
la porte pour rappeler la vénération de la confrérie des Pénitents
Blancs à la Sainte Croix.
Le
deuxième bâtiment, accolé au premier, est plus ancien, plus bas et
légèrement décalé au nord-ouest. Au nord-est, une
petite maison a été construite contre la chapelle, en retrait par
rapport à la façade.
À
l’intérieur, le premier bâtiment fait office de nef. Celle-ci, de
facture baroque, possède quatre pilastres supportant un entablement
au-dessus duquel a été bâtie la voûte. Au-dessus de la porte
d’entrée, une tribune en bois domine la nef. Deux grands crucifix
sont accrochés de part et d’autre du chœur.
Le
deuxième bâtiment fait office de chœur. Il est voûté en berceau,
à fond plat et constitue l’édifice primitif. Il est recouvert de
fresques dont une partie seulement a été conservée. Au-dessous, au
centre, une pietà en bois polychrome du XVe s., représentant
Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, repose sur le tabernacle en bois.
Notre-Dame-des-Sept-Douleurs est souvent représentée, en Italie, le
cœur percé par sept épées, quatre à gauche et trois à droite.
L’ancien
autel baroque, qui avait dégradé la fresque centrale, a été
transféré dans la sacristie située derrière l’autel et
desservie par deux portes.
Les
fresques attribuées à J. Canavèse ont été réalisées en 1492.
Nous pouvons voir :
- sur le
fond plat, en haut, le Christ en croix entre la Vierge et saint Jean,
- en
dessous, une descente de croix et de part et d’autre, à gauche,
saint Antoine ermite, à droite, sainte Pétronille.
Sur la
voûte et les murs latéraux, on trouve huit tableaux répartis sur
deux rangées représentant les principales scènes de la passion :
- côté
gauche, rangée supérieure : Jésus au jardin des oliviers et
le baiser de Judas,
- rangée
inférieure : Jésus devant Pilate et Montée au calvaire,
- côté
droit, rangée supérieure : Jésus devant Caïphe et la
flagellation,
- rangée
inférieure : le Christ bafoué et le couronnement d’épines.
On y
trouve une grande similitude avec la mort de Judas et la flagellation
figurant sur les fresques de Notre-Dame-des-Fontaines à la Brigue
(06).
Le
clocher se situe sur l’angle sud-est de la partie baroque. Il est
construit sur les deux murs de l’angle sud-est, mais ne se détache
pas de ceux-ci en hauteur, si ce n’est que de quelques décimètres
pour le mur diagonal. En effet, le toit de la chapelle baroque
s’élève depuis l’ouest vers l’est d’un seul versant. Le
clocher ne possède que deux ouvertures cintrées, une sur chaque mur
d’angle. Il n’a donc la forme d’un prisme droit que sur une
faible hauteur, mais son toit est de forme triédrique
et couvert de tuiles vernissées en forme d’écailles ; il est
surmonté d’une croix. Il se distingue donc des autres clochers en
forme de prisme droit puisqu’il disparaît dans les deux murs
d’angle ne laissant apparaître que son toit en forme de trièdre
reposant sur un petit entablement qui domine la chapelle. En
revanche, le petit mur diagonal, qui permet au toit du clocher
d’émerger de celui de la chapelle, repose bien sur un arc de
décharge simple car il ne supporte qu’un faible poids. Cet arc de
décharge est visible derrière la cloche, par l’ouverture du
clocher dans le mur sud-est. Toutefois, il s’inspire bien de la
technique du comté de Nice.
Cette
façon de construire le clocher intrigue, mais en observant la façade
principale de la chapelle, on voit que la construction d’un toit à
un seul versant était techniquement plus simple en s’alignant sur
le toit de la chapelle romane.
Le
clocher de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs est, à notre connaissance,
l’unique exemple de ce type de construction.
Historique : (Archives historiques du diocèse de Nice)
Peillon
s’appelait autrefois Peglione. Les moines de Saint-Ruf, fondé en
1039 à Avignon, créèrent des prieurés dans toute la France ;
celui de Peille date du début du XIIe s. ; il donna naissance à
celui de Sainte-Thècle (1154) qui correspond à l’actuelle mairie.
La
chapelle, nous l’avons vu, se décompose en deux parties. La
première, correspondant à la partie baroque, a été datée du
XVIIe s., car la fondation de la confrérie des Pénitents Blancs de
Peillon date du 18 mars 1661. La deuxième, voûtée en berceau,
constitue l’édifice primitif
recouvert par les fresques de J. Canavèse. Elle est datée du XIIIe
s. Le clocher peut être daté d’après
le 18 mars 1661.