Comment se fait-il que les clochers triangulaires soient si peu connus ?

Cela tient certainement au fait qu’ils offrent toujours leur meilleur côté au regard, dissimulant le mur diagonal. Ainsi on ne voit pas leur triangularité. Nous nous attacherons dans ce blog à mieux faire connaître cette curiosité en trompe-l'œil et à mettre au grand jour ses trois faces singulières.
L’inventaire des clochers triangulaires a fait l'objet d'une publication dans les Mémoires ("LI") que vous pouvez vous procurer auprès de l’I.P.A.A.M (Institut de Préhistoire et d'Archéologie Alpes Méditerranée).
Il n’est d’ailleurs pas terminé car de nombreux clochers ont été recensés depuis. Pour réaliser cet inventaire, nous avons utilisé les frontières du XVIIe et XVIIIe siècle concernant le Comté de Nice, la Provence, le Duché de Savoie, la Ligurie et la Corse.
Pour chaque clocher triangulaire, nous ajoutons ci-contre une fiche que vous pourrez découvrir au fur et à mesure de nos recherches.

Georges Salacroup et ses enfants Serge et Sophie
I campanili triangolari : una curiosità del trompe-l'oeil del barocco a Nizza

Come è possibile che le torri triangolari siano così poco conosciute?
Ciò è certamente dovuto al fatto che offrono sempre il loro lato migliore, nascondendo la loro diagonale.Quindi non vediamo la loro triangolarità.
Ci concentreremo in questo blog per sensibilizzare l'opinione pubblica a questa curiosità del trompe-l'oeil e portare alla luce i suoi tre lati particolari.
L'inventario delle guglie triangolari è stato pubblicato nelle Memorie ("LI") che è possibile acquistare dal IPAAM (Istituto di Preistoria e Archeologia Alpi Mediterranee). Quest'ultimo non é ancora stato terminato in quanto molti campanili sono stati recensiti in un secondo tempo. Per realizzare questo inventario, abbiamo utilizzato i confini del XVII e XVIII secolo che riguardano la Contea di Nizza, la Provenza, il ducato di Savoia, Liguria e Corsica.
Per ogni torre triangolare, aggiungeremo una scheda che potrete scoprire di volta in volta durante le nostre ricerche.

Georges Salacroup ei suoi figli Serge e Sophie

Biot (France - 06)

Chapelle Notre Dame de la Miséricorde

Lieu : Biot (France - 06)
Datation du clocher : 1640
Typologie du clocher : rectangle isocèle en façade
Accès : la chapelle se situe dans la grande rue qui traverse le vieux village de Biot.
Description : la chapelle est également nommée chapelle des Pénitents Blancs, placée sous le vocable de Saint-Bernardin-de-Sienne en 1643 (Durbec, 2007). Démolie en 1935 pour élargir la place, il n’en subsiste que le clocher et une partie inférieure, probablement l’entrée de la chapelle, qui devait se prolonger vers l’est, dans le sens de la rue. Elle était de ce fait bien orientée. Elle est accolée à un bâtiment de même hauteur qui est actuellement le musée local et qui fut autrefois un hospice.





Le clocher se situe sur l’angle de la chapelle, accolé au musée. Il se présente sous la forme d’un prisme droit surmonté par un toit triédrique et possède une ouverture cintrée sur chacune des trois faces ainsi qu’une ouverture rectangulaire sous le clocher. Comme à Bendejun, il n’a qu’un seul étage. La base du clocher repose sur une petite moulure en céramique surmontée par un cavet droit et une troisième moulure en céramique, le tout formant une corniche. Le toit, qui repose sur une corniche analogue, est couvert de tuiles vernissées ; il est surmonté par une croix au-dessous de laquelle un petit drapeau en fer fait office de girouette.
Il n’a pas été possible d’accéder sous le clocher ; on ne peut donc que supposer l’existence d’une trompe ou d’un arc de décharge, sous le mur diagonal. Compte tenu de l’époque de construction, il s’agit plutôt d’une trompe.
Les trois angles du clocher ont été chanfreinés et les murs ont été crépis. Il a été construit suivant la technique du comté de Nice.


"La chapelle des Pénitents Blancs, placée d'abord sous le vocable de Notre Dame de la Miséricorde, puis par Mgr Godeau, en 1643, sous celui de Saint Bernardin de Sienne, fut remaniée ou reconstruite le 17 juillet 1612, par un certain Emeric." (J.-A. Durbec, 2007 rééd., p. 119). Pour la datation du clocher, il semble que la date de 1612 pose un problème car elle correspond à la reconstruction ou à un remaniement de la chapelle. Dans ce cas, la réfection du clocher aurait pu intervenir ultérieurement. On pourrait, en se référant à deux événements qui paraissent importants : 1612 (travaux) et 1643 (changement de vocable et achat du retable L’Assomption de la Vierge), le placer entre ces deux dates, peut-être 1630. Il serait alors contemporain des clochers de Bendejun et de Falicon. Il semblerait donc que la technique de construction du comté de Nice ait été transmise à Biot par l’intermédiaire des Pénitents Blancs. Son aspect sobre le classe au début de la période du Baroque primitif, bien avant 1650 ; il semble donc être la première adaptation de la technique du comté de Nice en Provence. Toutefois, les trois angles sont chanfreinés au lieu d’être arrondis, ce qui laisse penser que sa construction est l’œuvre de compagnons originaires de la Provence. Il est donc le clocher « fondateur » pour la Provence.

Saint Paul de Vence (France - 06) n°1

Chapelle Sainte Croix

Lieu : Saint Paul de Vence (France - 06)
Datation du clocher : 1640
Typologie du clocher : rectangle isocèle en façade
Accès : la chapelle se situe contre la collégiale Saint-Paul, au sud de celle-ci selon un axe nord-sud ; elle n’est pas orientée.
Description : la chapelle a été bâtie  en pierres de taille bien appareillées par la confrérie des pénitents blancs.




La façade d’entrée s’orne d’un fronton baroque lobé dans sa partie médiane et décoré par une corniche moulurée. La porte d’entrée est surmontée par une fenêtre. La voûte, en berceau, est soutenue par deux arcs doubleaux reposant sur quatre pilastres. Les murs latéraux sont pourvus de trois fenêtres, deux à l’est et une à l’ouest. Le chœur est surélevé par deux marches.
Sur le mur du chœur était accroché un grand tableau représentant la transfiguration du Christ. De part et d’autre, on observait deux peintures murales représentant Saint Pierre et Saint Paul. Au-dessus de la porte d’entrée, un grand tableau évoquait l’Assomption de la Vierge.
On pouvait apercevoir des stalles en bois installées pour les pénitents tout autour de la chapelle, sauf dans le chœur où se trouvait, à droite, la stalle surélevée du prieur. Il existait deux autres fauteuils de chaque côté de la porte d’entrée. Aujourd'hui, la décoration et les stalles ont disparu au profit d'une exposition permanente du peintre Folon.


Le clocher, relativement haut, est situé sur l’angle sud-ouest de la chapelle. Il est bâti au moyen de pierres taillées et appareillées ; sa forme est celle d’un prisme droit surmonté par un toit triédrique. Il a trois étages. Le premier ne possède pas d’ouvertures ; il s’intègre au mur de la chapelle et sert de socle. Le second, aveugle lui aussi, repose sur une corniche formée par trois moulures dont une concave. Cette corniche se raccorde à celle du fronton.
Le troisième étage est séparé du second par une simple moulure en plate-bande ; il possède trois ouvertures cintrées et une cloche. Une petite moulure décorative vient souligner l’arc des ouvertures. Il se termine par une belle corniche formée par trois moulures superposées. Son toit couvert de tuiles canal, est surmonté d’une boule dans laquelle une croix et une petite girouette ont été plantées.
Son aspect rappelle le premier étage du clocher de Sospel. Ne pouvant pas avoir accès à la voûte de la chapelle pour examiner le support du mur diagonal, on ne peut que supposer qu’il reposait sur une trompe, selon la technique du comté de Nice.
Les deux extrémités du mur diagonal ont été chanfreinées. Il est bâti en belles pierres calcaires de même taille, bien appareillées. La facture est identique à celle de la façade ; on peut donc en conclure que l’ensemble a été construit simultanément. Curieusement, il n’existe pas de clocher en pierre apparente dans le comté de Nice : ils ont tous été crépis, ce qui semble être la règle à Nice qui a subi l’influence piémontaise. On retrouve des clochers non crépis, en Provence, à Aubagne et à La Seyne, et en Corse, à Murato. Il est évident que le clocher de Saint-Paul, tout en respectant la technique du comté de Nice, a été bâti en belles pierres taillées comme la façade de la collégiale qui lui est proche.
La confrérie des Pénitents Blancs apparaît dès 1581 ; en 1699, elle compte soixante frères et autant de sœurs.
On pourrait dater la construction de la chapelle et du clocher d’avant la visite du 3 mai 1654, à partir de 1640. Cela le classerait dans l’époque du Baroque primitif, avant 1650, ce qui correspond bien au style du clocher.

Saint Paul de Vence (France - 06) n°2

Chapelle de la Sainte Famille du Couvent des Sœurs Dominicaines

Lieu : Saint Paul de Vence (France - 06)
Datation du clocher : 1880 - 1890
Typologie du clocher : rectangle isocèle en façade
Accès : l'ensemble se trouve à Saint-Paul-de-Vence, au n°586 du chemin des Gardettes. En venant de la Colle-sur-Loup, il faut prendre à gauche en direction de la Fondation Maeght. Le couvent se trouve sur la droite. On aperçoit le clocher triangulaire qui domine tout l’ensemble.
Description : la chapelle se trouve au milieu des bâtiments. On y accède par un long escalier. Elle n’est pas orientée, l’autel se trouvant au nord, l’entrée au sud-ouest.


L’intérieur se présente sous la forme d’une chapelle romane avec une nef bordée par deux collatéraux qui se rejoignent derrière le chœur pour former un déambulatoire où se trouvent les stalles des Sœurs Dominicaines. Dans la nef, quatre ouvertures cintrées permettent d’accéder aux collatéraux ; elles sont encadrées par cinq colonnes.


Le clocher se situe sur l’angle sud-ouest de la chapelle. Il domine le portail d’entrée. Il a la forme d’un prisme droit et le toit d’un trièdre. Les deux faces perpendiculaires reposent sur les murs d’angle de la chapelle. Le mur diagonal doit reposer sur un arc de décharge prenant appui dans les murs d’angle ; ses extrémités ont été chanfreinées. Il possède trois ouvertures cintrées ; celle située au sud possède une cloche. L’entablement qui supporte le toit est décoré par une moulure ornée d’ordre composite. Cet ensemble a été bâti entre 1880 et 1890. La fondatrice, mère Thérèse Bourget, ouvrit aux orphelins ce foyer dominicain de la sainte Famille où elle mourut en 1897.


Ce clocher est une exception dans cet inventaire car il n’a pas été construit à l’époque Baroque ; toutefois, il est probablement inspiré de celui de la chapelle des Pénitents Blancs de Saint-Paul-de-Vence, et il a été bâti suivant la technique du comté de Nice.


Carros (France - 06)

Chapelle Notre Dame des Selves

Lieu : Carros - Les Plans de Carros (France - 06)
Datation du clocher : 1760
Typologie du clocher : rectangle isocèle en façade
Accès : la chapelle se trouve sur la route reliant le pont de la Manda au vieux village de Carros, en montant à droite au-dessus d’un grand espace aménagé en parking et centre de loisirs.
Description : la chapelle est un petit bâtiment d’une nef orientée. Une construction plus courte lui est accolée au sud, côté oriental. Un clocher domine la façade ouest sur l'angle nord. La nef se compose de trois travées couvertes de croisées d’ogives ; les deux premières correspondent à la période Renaissance et la clef de voûte de la travée centrale porte le blason de la famille des Glandèves. La troisième travée correspond au chœur actuel.


Cette chapelle n’a pas été rattachée à une congrégation de Pénitents, mais a servi initialement de petit monastère et, par la suite, d’ermitage. La présence d’un ermite est attestée de 1715 à 1722 par les visites épiscopales.


Ce clocher a fait l’objet d’une étude particulière à la suite des sondages effectués autour de la chapelle en 1996 et à l’intérieur en 1998 (Salacroup, 1999, 2000). Pendant les travaux de rénovation, un relevé précis a été réalisé. Il se présente sous la forme d’un prisme droit, bâti sur l’angle nord-ouest de la chapelle, surmonté d’un toit triédrique.


La hauteur totale est de 8,40 m, chapelle comprise ; le clocher mesure 4,40 m. Le mur diagonal est très probablement soutenu par un arc de décharge.
Les deux faces principales, nord et ouest, sont décorées par deux petits pilastres, disposés de chaque côté d’une ouverture cintrée, surmontés par un entablement. On aperçoit la cloche dans l’ouverture occidentale qui domine le fronton de la chapelle. La troisième face possède également une ouverture mais pas de décoration.
Les deux angles situés à l’extrémité du mur diagonal ont été chanfreinés sur toute la hauteur du clocher pour, d’une part, renforcer l’angle du clocher et, d’autre part, alléger le mur diagonal. La corniche supportant le toit épouse parfaitement tous les contours du clocher, y compris les chanfreins.
Le toit est recouvert de tuiles en écailles vernissées et de tuiles faîtières. Il est surmonté par une croix. La forme élégante de ce clocher s’intègre parfaitement à la façade d’entrée, ce qui permet de penser que les constructions ont été réalisées simultanément. C’est un parfait exemple de la technique du comté de Nice.

Les deux sondages effectués en 1996 et en 1998 nous ont permis de reconstituer l’histoire de cette chapelle :
  1. Eglise romane avec trois absides, construction autour de l’an Mil,
  2. Reconstruction vers 1100, l’abside nord a disparu,
  3. Reconstruction, vers 1500, d’une chapelle Renaissance avec des croisées d’ogives,
  4. Agrandissement du chœur entre 1650 et 1700, et disparition de l’abside centrale,
  5. Possibilité d’édification d’un clocher triangulaire en 1705 (visite épiscopale),
  6. Edification du clocher actuel vers 1760 (avec pilastres, corniche et façade).
La chapelle est actuellement utilisée comme église paroissiale pour les Plans de Carros.


Aubagne (France - 13)

Chapelle Notre Dame d'Espérance - Clocher de l'Observance

Lieu : Aubagne (France - 13)
Datation du clocher : 1650-1700
Typologie du clocher : rectangle isocèle en façade
Accès : le clocher de l’Observance se trouve dans le vieil Aubagne, à proximité de la rue principale, au bord d’une grande place résultant de la démolition de l’église et du couvent des religieux de l’ordre de Saint-François.
Description : l’association Les Amis du Vieil Aubagne, qui a restauré un vieux four à pain, nous a fourni de précieux renseignements.


Il ne subsiste que le clocher et une partie de la chapelle dite Notre-Dame-d’Espérance qui s’appuie sur une autre chapelle dite des Filles de Marie appelée aujourd’hui chapelle de l’Observance où se déroule toujours le culte. L’orientation générale est nord-ouest / sud-est.


Ce clocher est toutefois très intéressant car il permet de voir la trompe, en excellent état, alors que la voûte de la chapelle et le toit n’existent plus. Il est entièrement bâti en pierres taillées et assemblées avec soin. Le matériau est une belle pierre de couleur blonde que l’on retrouve sur d’autres chapelles d’Aubagne.
La trompe est bâtie en pierres taillées en forme de coin qui s’imbriquent parfaitement et viennent converger au centre inférieur où l’on peut voir le trou de sortie de la corde des cloches. Elle se situe donc au-dessus de la voûte et en dessous du toit ; elle soutient le mur diagonal.
Le clocher se présente donc sous la forme d’un prisme droit avec un toit en forme de trièdre. Son corps possède trois ouvertures cintrées avec deux cloches, une sur chacune des faces sud et nord-ouest. Les deux angles aigus ainsi que l’angle droit ont été chanfreinés et encadrés par deux pilastres d’ordre toscan. Les trois ouvertures cintrées ont été décorées par un encadrement en relief. Au-dessus, une moulure décorative fait le tour du clocher, dominée par un entablement qui supporte le toit entièrement bâti en pierres taillées ; un paratonnerre a été installé au sommet.


Ce clocher a été bâti suivant la technique du comté de Nice ; toutefois, il a subi l’influence provençale, les trois angles sont chanfreinés, il n’est pas crépi et le toit n’est pas recouvert de tuiles vernissées. Nous retrouverons ce genre de toit sur les clochers d’Abriès.

Historique :Les Amis du Vieil Aubagne ont établi une chronologie des faits (Vieil Aubagne, sd) :
- 1610 : fondation du couvent par les religieux de l’ordre de Saint-François-de-l’Observance,
- 1613 : construction de l’église des Observantins sous le titre de Notre-Dame-d’Espérance,
- 1644 : ajout, au mur nord de l’église, d’une chapelle dite Notre-Dame-d’Espérance,
- deuxième moitié du XVIIe s. : construction du clocher triangulaire,
- 1792 : suppression de l’ordre des Observantins ; vente du couvent et de l’église à la commune ; l’église devient une succursale de la paroisse et le couvent est laissé à la municipalité,
- 1802 : la commune revend l’ensemble à des particuliers ; tombée en indivision, l’église est donnée à la commune qui l’ouvre aussitôt au culte,
- 1834 : ajout, au mur sud de l’église, d’une chapelle dite des Filles de Marie ; il s’agit aujourd’hui de la chapelle de l’Observance où se déroule toujours le culte,
- 1875 : l’église et le couvent sont condamnés à être détruits pour cause de vétusté,
- 1881 : destruction de l’église pour créer une place publique,
- 1969 : démolition de la chapelle Notre-Dame-d’Espérance.

En conclusion, d’après ce que nous savons de la genèse des clochers triangulaires dans le comté de Nice, la datation de ce clocher peut se situer dans la période Baroque classicisme, bien après 1650, vraisemblablement autour de 1680.
Les promoteurs de ce genre de clocher étant les Pénitents Blancs, on pourrait être tenté de leur en attribuer la construction. Il semble cependant qu’ils n’en furent que les initiateurs car il existe un lien entre Aubagne et Biot (Alpes-Maritimes). L’association Les Amis du Vieil Aubagne a restauré un vieux four à pain construit au moyen de pierres volcaniques provenant justement de Biot.

Abriès (France - 05) n°1

Chapelle Saint Antoine

Lieu : Hameau de La Levée à Abriès (France - 05)
Datation du clocher : 1690
Typologie du clocher : isocèle rectangle en façade
Accès : le hameau de la Levée se trouve au nord d’Abriès ; après avoir passé le hameau du Roux, il faut prendre la piste à gauche. La chapelle Saint-Antoine est située en bord de piste à 1801 m d’altitude. Quelques bâtiments subsistent aux alentours.
Description : c’est un petit bâtiment rectangulaire, bien orienté ; la porte d’entrée s’ouvre à l’ouest, l’autel se trouve à l’est. La couverture est faite de tôles ondulées qui se prolongent au-dessus de la porte pour faire un auvent. Elle était initialement couverte de bardeaux. La porte d’entrée est surmontée d’un oculus autour duquel est inscrit Saint-Antoine. Deux fenêtres s’ouvrent sur les façades latérales pour éclairer le chœur.
Le clocher se situe sur l’angle sud-est de la chapelle ; il se présente sous la forme d’un prisme droit mais il n’est pas coiffé par un toit triédrique. Les deux faces perpendiculaires reposent sur les murs d’angle. Le mur diagonal repose sur une poutre en mélèze prenant appui dans les murs d’angle de la chapelle. Les deux extrémités du mur diagonal n’ont pas été chanfreinées, la structure étant rustique.
Le clocher s’élève au-dessus du toit de la chapelle ; à cet endroit, il est ceinturé par un encorbellement réalisé au moyen de lauzes. Il possède trois ouvertures cintrées dont l’arc de plein cintre repose sur un deuxième encorbellement en lauzes. Il possède également une petite cloche. Un troisième encorbellement ceinture le toit, presque plat et formé par des lauzes, et au milieu duquel se dresse un pinacle surmonté d’une croix.
La technique de construction du clocher est directement inspirée de celle du comté de Nice ; sa facture très sobre et son crépi nous permettent de le classer dans la période Prébaroque.
L’intérieur est très simple : un autel au-dessus duquel on peut apercevoir la statue de saint Antoine de Padoue, de facture récente. De part et d’autre de l’autel, deux anges, réalisés en carton-pierre, peuvent être datés du XIXe s.
La nef est occupée par des bancs ; on y célèbre encore la messe à certaines occasions. Les objets du culte sont rangés dans une armoire. Sur le mur situé à gauche en entrant, on peut voir un tableau de facture modeste représentant saint Antoine de Padoue tenant l’enfant Jésus dans ses bras.
Les petits hameaux situés autour d’Abriès étaient occupés toute l’année. Les habitants y vivaient en autarcie grâce à leur travail : culture du blé et de l’orge, élevage des chèvres, moutons, vaches et basse-cour. La proximité de Saint-Véran, plus haut village de France avec ses 2000 m d’altitude, occupé actuellement toute l’année, fait penser que des hameaux comme Valpréveyre, La Montette, et Pré-Roubaud l’étaient également, notamment aux XVIIe et XVIIIe siècle.
La région étant très « religieuse », les habitants ont fait bâtir une chapelle dans chaque hameau pour pratiquer leur culte. Ces chapelles étaient alors des églises paroissiales auxquelles il fallait un clocher. Il est probable que les compagnons maçons qui ont construit l’église Saint-Antoine, à La Levée, et Saint-Roch, à Valpréveyre, étaient piemontais. A cette époque les liaisons avec le Piemont étaient plus faciles et fréquentes que celles avec la France.

 

Abriès (France - 05) n°2

Chapelle Saint Roch

 
Lieu : Hameau de Valpréveyre à Abriès (France - 05)
Datation du clocher : 1690
Typologie du clocher : isocèle rectangle en façade
Accès : le hameau de Valpréveyre se situe au nord d’Abries. On y accède en prenant à droite, dans la traversée du hameau du Roux, la piste qui mène vers l’est jusqu’à Valpréveyre. La vallée est dominée par le Bric Bouchet sur la frontière italienne. Le hameau a été construit autour de la chapelle ; de l’autre côté de la rivière subsistent des ruines. La route s’arrête là, cédant la place à plusieurs sentiers de grande randonnée allant vers l’est et le sud.
Description : la chapelle est un petit bâtiment, non orienté, le chœur se situant au nord. La couverture est faite de tôles ondulées qui ont remplacé les bardeaux de la couverture initiale.


La façade principale se trouve donc au sud ; là, s’ouvre la porte d’entrée au-dessus de laquelle on aperçoit une décoration en demi-cercle surmontée par un oculus. Les façades latérales possèdent une ouverture pour l’éclairage intérieur. Le mur du chœur est arrondi mais pas en cul-de-four ; il possède deux ouvertures.
L’intérieur de la chapelle a été restauré. Le chœur est surmonté par une voûte en croisée d’ogives se terminant sur un arc doubleau. Il est entouré de boiseries avec stalles et fermé par une balustrade en bois. L’autel a été remanié pour la célébration du culte suivant le concile de Vatican II. On peut voir, en haut, à gauche, une statue de saint Roch patron du hameau.
Le clocher se situe sur l’angle est de la façade principale. Le corps du clocher à la forme d’un prisme droit, le toit, maçonné, a la forme d’un trièdre. Nous sommes en présence d’un clocher bâti suivant la technique du comté de Nice. Les deux murs de l’angle droit reposent sur les murs d’angle de la chapelle. Le mur diagonal repose sur une trompe. Le clocher possède trois ouvertures cintrées ; on aperçoit une cloche dans l’ouverture située au sud. Les deux angles vifs du clocher ont été chanfreinés. Le toit surmonté d’une croix repose sur un encorbellement ouvragé qui laisse pressentir la période Baroque classicisme. Il est bâti en pierre.
De même que pour celui de la chapelle Saint-Antoine, ce clocher peut être classé dans la période Prébaroque et être daté autour de 1690.
Le hameau de Valpréveyre était lui aussi occupé toute l’année ; il possédait un four, un moulin, et une laiterie communale. Ce hameau, relativement important, se situe au confluent de deux grandes vallées autour desquelles des champs et des pâturages étaient exploités.
Malheureusement, il fut en partie dévasté par la grande crue de 1733. Son occupation permanente cessa probablement à cette époque et l’église devint une chapelle, ainsi que l’atteste une visite canonique de Mgr Blanchard, Vicaire Général, en 1878.

Nouveau malheur, le clocher a été arraché par une avalanche de neige en décembre 2009.


Seyne les Alpes (France - 04)

Eglise des Dominicains


Lieu : Seyne les Alpes (France - 04)
Datation du clocher : 1445
Typologie du clocher : rectangle isocèle édifié sur le chevet
Accès : en arrivant à Seyne, on aperçoit le clocher qui se détache à gauche de l’extrémité du bourg et qui domine les maisons. Comme il s’agit du côté rectangulaire, on ne se rend pas compte de sa forme triangulaire. Il faut traverser le centre et, dans le dernier virage avant de sortir du bourg, on trouve l’église des Dominicains, à gauche. Un peu plus loin, à droite, se trouve l’église paroissiale.
Description : l’église des Dominicains, appelée maintenant église « d’hiver » de Seyne, a été occupée ultérieurement par les Pénitents Blancs. C’est un bâtiment de moyenne importance qui se présente en trois parties. Il n’est pas orienté car il s’aligne sur un axe nord-est / sud-ouest. La première partie, la plus importante, concerne la nef de l’église dont la porte d’entrée s’ouvre au nord-est. La deuxième, plus élevée, correspond au chœur. La troisième, qui nous intéresse plus particulièrement, correspond à une sacristie située à l’extrémité sud-ouest du bâtiment et sur laquelle le clocher a été construit. Elle se situe contre le chœur et, compte tenu de la déclivité du terrain, domine la rue Basse ; cela donne au clocher une hauteur impressionnante.


 L’ensemble se rattache, par la droite, à une suite de bâtiments disposés en équerre qui sont les vestiges du couvent des Dominicains. Contre le clocher, il existe une ruelle voûtée permettant d’accéder, depuis la rue Basse, à la place du Couvent. On y aperçoit le passage permettant aux pères d’aller directement, sans sortir, du premier étage de leur maison à leur église.


La nef est décorée en Baroque flamboyant, sauf le plafond en voûte d’arêtes. Les murs sont ornés de pilastres surmontés par des chapiteaux d’ordre composite supportant une corniche. Le chœur est du même style.
La sacristie, située dans le prolongement de la nef, permet de comprendre l’édification du clocher. C’est un local de forme rectangulaire mesurant 7,30 m sur 4 m. Son plafond est la succession de deux voûtes d’arêtes. La voûte d’arêtes est formée par le croisement de deux voûtes en berceau qui se pénètrent à angle droit. La sacristie possède deux voûtes d’arêtes qui prennent appui sur deux piliers situés à l’intérieur, l’un au centre de la façade, l’autre en face contre le mur du chœur, et sur les quatre angles intérieurs de la sacristie.
Le clocher se présente sous la forme d’un prisme droit coiffé par un toit de faible hauteur en forme de trièdre. Il occupe la moitié de la façade arrière de l’ensemble : les autres clochers de notre inventaire n’occupent qu’un tiers, voire même un quart, de la façade principale ou arrière. Comme celui-ci part de très bas, cela lui donne une hauteur importante. Il est l’un des plus élevés de notre inventaire.


La façade sud-ouest est bâtie en pierres de taille bien appareillées ; elle possède deux chaînes d’angle dont l’une s’élève jusqu’au sommet du clocher, l’autre s’arrête au niveau du chœur. On y aperçoit, dans le bas, une ouverture condamnée encadrée par deux colonnes. Il s’agit de la porte d’entrée de la première église endommagée pendant les guerres de Religion et qui permettait d’accéder à l’église par un escalier. Au milieu de la façade, une longue fenêtre cintrée éclaire la sacristie et un grenier situé au-dessus.
Le clocher a été bâti sur l’angle gauche de cette façade, les deux faces perpendiculaires reposant sur l’angle gauche de la sacristie. La troisième face, le mur diagonal, repose sur un grand arc de décharge. Ce dernier enjambe la moitié du grenier situé au-dessus de la sacristie. Cet arc doit prendre appui sur le milieu de la façade et sur l’angle formé par le mur sud-est et le mur du chœur. Sa longueur est évaluée à 6,50 m et il semble s’aligner sur une des arêtes de la sacristie. La largeur des murs d’angle de la sacristie est de 1,10 m alors que celle du mur séparant la sacristie du chœur n’est que de 80 cm.
L’appareillage des pierres est absolument régulier depuis le bas jusqu’au haut du clocher. Cela démontre que la construction de cet ensemble s’est effectuée en une seule fois. Une moulure sépare le premier étage du clocher du haut de la sacristie. Il ne possède pas d’ouverture. Une autre moulure sépare le premier étage du deuxième qui, dispose d’une ouverture cintrée et d’une horloge sur chaque face. Une cloche est installée dans l’ouverture du mur diagonal. Une moulure sépare le deuxième étage du toit triédrique. Le toit est couvert de zinc. Étrangement, un petit clocher quadrangulaire y a été installé, évidemment sur l’angle droit du clocher, pour respecter une certaine symétrie. Il possède une petite cloche et il est surmonté d’un toit en zinc et d’une girouette en forme de drapeau.

L’angle du clocher situé en façade est resté aigu et n’a pas été chanfreiné ; toutefois, il est formé par une chaîne d’angle qui renforce sa solidité. L’autre angle aigu, lui, a été largement chanfreiné ; cela vient du fait qu’il s’arrête contre le mur du chœur. Une chaîne d’angle le consolide également.
Selon un article de Mr Du Colombier, les dates de construction de l’ensemble couvent et église sont 1445 pour la création, église, clocher et couvent et 1685 pour la restauration, après les guerres de Religion.
Il semblerait donc que l’édification de l’ensemble, couvent, église et clocher, à partir de 1445, soit le résultat d’une collaboration étroite entre les Pères Dominicains et les habitants de Seyne. La construction d’un clocher quadrangulaire était onéreuse et surtout, prenait de la place dans une cité médiévale, entourée de remparts. La seule option était donc de réduire le clocher pour en diminuer le prix et de l’installer au dessus de la sacristie pour gagner du terrain. Curieusement cette idée n’a pas fait école dans la région, cela tient peut être au fait que Seyne n’est pas sur un axe important de communication. Toutefois les idées peuvent surgir à des époques diverses, l’exemple du clocher Polonais le confirme. En conclusion on peut dire que le clocher de Seyne est le premier, fondateur d’une technique qui n’a pas donné de suite immédiate mais qui a été reprise ou réinventée à l’époque baroque.